« Le plus intéressant est d'arriver au moment où la peinture n'existe plus. » En peignant le réel en plus réel qu'il n'est, Yvel veut-il tromper ou faire paraître ? Son travail vise à faire admettre l'existence d'objets. Il y réussit. L'ultime moment à atteindre est celui où nous penserons que la toile peinte n'existe pas. Seul reste l'objet. Yvel appelle ce moment : « le trompe-l'âme ». Il donne aux objets son temps, sa vie, son nom. Il se déclasse comme auteur. Il disparaît parmi eux, comme il veut. Yvel, « nom gravé dans le métal », se substitue à l'ingénieur qui a fait les plans de la machine qu'il a choisi de peindre. Il s'y confond. La réalité n'est plus ce qu'il interprète en « termes réalistes », elle devient ce dont il joue avec le public et lui-même. Au comble de la performance, le peintre s'identifie au spectateur, supposé étranger, et partage sa confusion. Le tableau en trompe-l'oeil serait-il un paradoxe de la réalité ?